Camille Ropert : Limnées - les nymphes des eaux douces
a La Suite du Huit, dans le cadre de Photo Days Paris
Exposition du 5 novembre au 15 décembre 2025
Vernissage le 5 novembre 2025
Visite sur rendez-vous uniquement. (par email ou téléphone, voir en bas de page)
Au beau milieu d’un lac, des nymphes surgissent des profondeurs.
Appelées Limnées, ces femmes ne supportent plus les
fonctions qu’on leur a attribuées. Elles tentent de s’en défaire.
Mes premiers tests photographiques dans les lacs m’évoquent l’imagerie des nymphes. Dans la peinture de la Renaissance et du Préraphaélisme, elles représentent une idée allégorique (avec les déesses et ondines) et projettent un fantasme mêlant sensualité, désir et érotisme d’un côté - pureté, virginité et
vénération de l’autre.
La communauté des artistes peintres, majoritairement masculins, impose une vision unilatérale, un regard qui n’est dirigé que sur ce qui les fascine : la beauté d’une femme, le désir qu’elle déclenche. Les nymphes de John Waterhouse, William Bouguereau, ou du Cavalier d’Arpin sont fragiles, dépendantes, passives, soumises et vouées au plaisir de l’homme.
Cet héritage n’a jamais réellement disparu de l’imaginaire collectif. Il déteint sur nous.
Limnées se définit comme une tentative de réappropriation du regard. Je reprends les codes esthétiques classiques des grands peintres en adoptant un regard féminin. Le corps objet devient corps sujet. C’est un corps pensant et agissant. Je le représente comme étant incarné, doté d’émotions et d’intentions. Je m’attache à rendre au corps son vivant, son unicité, sa multiplicité et sa complexité.
Pour Limnées, je fais le choix de ne pas choisir les personnes que je photographie. Toutes ont pris contact avec moi par le biais d'appels à participation publics. (affiches dans les rues et magasins, posts sur les réseaux). Je formule une unique exigence, celle de s’identifier au genre féminin. Pour le reste,
je considère que toutes ont le droit de vivre l’expérience d’être nymphe.

Ces personnes ne se connaissent pas le matin même. Pourtant, un lien et une force, dont je ne saurai nommer exactement l’origine, les rassemblent et les unit. Avant la mise à l’eau, nous échangeons sur les raisons de leur participation au projet.Je constate qu’en cherchant à se libérer de leur carcans, toutes passent à travers desétats ambivalents : luttes, souffrances, perte d’identité, espérances ou apaisements.Je mets en scène ces transformations et tente de capturer leur substance évolutive etinachevée. Ces caractéristiques confèrent au projet une dimension documentaire.

À propos de l’artiste :
Camille Ropert est photographe et réalisatrice. Son travail s’inscrit dans une pratique documentaire, en photographie comme en cinéma, qu’elle détourne parfois par des dispositifs de mise en scène. Elle explore les liens entre identité, corps et territoire, en questionnant la manière dont les héritages — personnels, culturels ou historiques — façonnent le présent. Spécialisée dans la prise de vue sous-marine, elle utilise l’eau comme espace d’expérimentation et de mise à distance, un lieu où les formes et les mémoires se recomposent.
Nourrie par les pensées féministes et décoloniales, sa démarche interroge les structures de pouvoir et les récits qui façonnent nos manières de voir et de penser. À travers ses projets, Camille Ropert cherche à déplacer les cadres établis et à ouvrir des espaces de réflexion sur les normes et les imaginaires qui structurent nos sociétés.
​​Accès et Réservation :
27 rue Jean-Jacques Rousseau · Paris 1er
3ᵉ étage
accès uniquement sur réservation au +33 (0)6 82 04 39 60 ou en écrivant à julia@galeriehuitarles.com
ouvert tous les jours de 11h à 18h (sauf le mardi)
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