Jean-Christophe Ballot : L’Épopée de Gilgamesh:
a La  Suite du Huit, dans le cadre de Photo Days Paris

Il y a plus de quatre millénaires, la Mésopotamie faisait surgir l’un des plus anciens récits de l’humanité :

l’Épopée de Gilgamesh, roi d’Ourouk. Héros à la fois triomphant et mortel, Gilgamesh relie passé et présent, courage et doute, amitié et deuil. Cette tension fonde la relecture photographique de Jean-Christophe Ballot.

Sculpteur de lumière, l’artiste déploie une campagne en noir et blanc qui rend leur présence aux œuvres millénaires: sculptures, bas-reliefs et fragments conservés notamment au musée du Louvre, au British Museum, au Vorderasiatisches Museum et au Musée national d’Irak. Par la précision du cadrage et la densité des gris, ces figures quittent l’inertie des vitrines pour redevenir visages, gestes, souffles.

Pour replacer le mythe dans l’ampleur d’un territoire, Ballot photographie aussi les sites du Sud mésopotamien: lignes d’horizon, ruines, poussières, vents. Les paysages répondent aux artefacts et ouvrent un espace où le temps long affleure. L’ensemble compose une méditation sur la fragilité des civilisations et la persistance de leurs traces — ce qui disparaît, ce qui insiste.

Ici, la photographie n’illustre pas l’épopée : elle l’éveille. Par la lumière et le rythme des plans, Ballot transforme vestiges et lieux en présences actives, et fait de l’image un lieu de passage où se rejouent la mémoire, la perte et la permanence des mythes.